Après le succès du dernier atelier de démonstration d’isolation en laine de chanvre insufflée, Julien Lucas, maçon de l’entreprise Bâtir en Terre (Les Chantiers de Demain), a cette fois proposé aux participants d’assister à la projection d’un correcteur thermique en terre-chanvre, ce mercredi 22 mai 2024, sur l’un de ses chantiers situé à Colomby-Anguerny (14).
Cette technique, décrite dans le Guide des bonnes pratiques du chanvre fermier dans l’habitat ainsi que dans le Guide des bonnes pratiques – Terre allégée, offre de nombreux avantages :
• Forte régulation hygrothermique
Les mélanges de terre-paille et de terre-chanvre font partie des isolants ayant le plus haut niveau de valeur de tampon hydrique (capacité d’un matériau à réguler l’humidité d’une pièce). On utilise ici un mélange de terre-chanvre pour les propriétés plus absorbantes et moins volatiles de la chènevotte (partie moëlleuse de la tige de chanvre dépouillée de son écorce) par rapport à la paille. Du miscanthus pourrait également faire l’affaire. Complétée d’un enduit de finition en terre crue fortement hygroscopique (qui absorbe l’humidité de l’air), cette solution d’isolation offre une très forte capacité de régulation hydrique.
• Continuité capillaire avec la paroi : ne nécessite pas de frein-vapeur
• Utilisable en faible épaisseur
C’est le cas ici, avec un premier tapis de 5-6 cm qui offre une continuité dans l’isolation et permet d’éviter la création de ponts thermiques.Du liège a également été utilisé pour traiter les ponts thermiques et en dalle pour éviter les remontées capillaires. Une seconde couche de finition aura pour intérêt de rattraper les niveaux et défauts de surface (2-3 cm).
• Performances thermiques
L’intérêt de la terre allégée en faible densité est sa capacité à offrir une bonne résistance thermique, accompagnée d’une inertie performante. Plus la densité augmente, moins les mélanges sont isolants, et plus ils sont performants en inertie. Dit autrement, les faibles densités garantissent un très bon confort d’hiver et un bon confort d’été. Les densités moyennes garantissent un bon confort d’hiver et un très bon confort d’été.
• Réduction des ponts phoniques
Préparation
Cette mise en œuvre nécessite du gros matériel : un malaxeur pour préparer la barbotine de terre, une cardeuse souffleuse pour la chènevotte et une projeteuse humide. La barbotine arrive dans un tuyau, la chènevotte dans un autre et le mélange se fait en bout de lance.
L’accroche d’éléments lourds doit être anticipée. Sur ce chantier, des planches sont fixées pour accueillir tableaux et radiateurs. Les réseaux d’eau et d’électricité, fixés au mur, sont noyés dans l’isolant. Les prise électriques sont posées. On prépare également les jonctions avec les autres parties isolés pour assurer l’étanchéité à l’air avec des trames dédiées. Des coffrages en bois, noyés ou non, sont installés au niveau des ouvertures et linteaux. Ils servent également de repères visuels.
Mise en œuvre
Le support est mouillé de barbotine uniquement, pour assurer une bonne accroche, puis on projette en 2 fois. La deuxième passe peut-être réalisée rapidement après la première, selon séchage. L’ensemble a été réalisé sur 2-3 jours avec 3 personnes. On attend généralement 3 semaines avant d’enduire.
La terre utilisée provient de la briqueterie Raoult et Beck, à moins de 50km du chantier (14330 Le Molay-Littry).