En 2020, l’ARPE Normandie, membre de la Confédération terre crue, a organisé une série de rencontres professionnelles sur la question du torchis et des terres fibrées les 13 et 27 novembre à distance, puis le 11 décembre au Pavillon des Énergies de Saint-Lô (50) sous la forme d’un atelier pratique.
Ces rencontres suivent un fil conducteur discuté au sein du groupe rédacteur du Guide des bonnes pratiques du torchis. Les échanges des deux premiers événements ont été retranscrits pour servir de base à la rédaction d’un manuel technique « torchis/terres allégées ». Associé au Guide torchis, ce manuel a pour vocation de participer à la redécouverte de cette technique ancestrale, qui offre une réponse particulièrement pertinente aux enjeux d’aujourd’hui.
Les restitution écrite
Les écrits de ce document transcrivent les échanges issus des rencontres audio entre professionnel·les et praticien·nes des terres et des fibres provenant de divers horizons géographiques (Normandie, Bretagne, Champagne).
Comment réaliser un bâtiment performant, une construction écologique avec des terres et des fibres ? Comment s’y prennent les praticien·nes des torchis et des terres allégées ?
Au travers de ces dialogues se dévoilent quelques savoir-faire et astuces de chantier, mais aussi des réflexions à propos des dernières données disponibles issues de la recherche dans le but d’améliorer la performance des pratiques. Les éléments d’ouvrage présentés lors de ces rencontres ne figurent pas au rang des exemples à suivre absolument. Ils posent question, permettent d’entamer la discussion qui ouvre des pistes d’amélioration.
Au cours des discussions, sont apparus des besoins de compléments bibliographiques. Ce recueil les contient. De cette manière, ces données techniques sont entourées d’un contexte (local, ouvrage, personnel) et d’un éclairage plus global. Ces rencontres se sont déroulées à la suite du programme BIOBAT, il y est souvent fait référence.
Les replays
1ère rencontre - Construire et rénover de manière performante et pérenne en torchis
Lors de ce premier rendez-vous ayant eu lieu à distance le 13 novembre 2020, les participants ont abordé la gestion de l’étanchéité et de l’isolation, le guide des bonnes pratiques torchis ainsi que les questions liées à l’acoustique :
Vidéo 1 – étanchéité & isolation
Vidéo 2 – le guide torchis
Vidéo 3 – l’acoustique
2ème rencontre - Panorama des chantiers emblématiques en terres fibrées
Lors de ce deuxième rendez-vous ayant eu lieu à distance le 27 novembre 2020, les participants ont partagé leurs témoignages et retours d’expérience sur l’usage des torchis dans la construction :
3ème rencontre - Atelier de confection d'une ruche en torchis
Cette vidéo restitue la 3éme rencontre qui s’est tenue le 11 décembre au Pavillon des Énergies de Saint-Lô (50) durant laquelle un atelier de confection d’une ruche en torchis a été animé par Nicolas Maze.
De quoi parle-t-on ?
La plupart du temps, les torchis sont catégorisés au rang des systèmes constructifs anciens n’ayant plus aucun rapport avec le bâtiment contemporain. De nos jours, la structuration du secteur de la construction s’éloigne de plus en plus de l’état d’esprit ou du « gouvernement » des techniques vernaculaires. Ce qui rend l’exercice du métier extraordinairement complexe.
Comment les artisan·nes et praticien·nes s’adaptent aux conditions actuelles ?
Sous une apparente simplicité, les torchis et terres allégées regroupent des techniques extrêmement variées. Cette variabilité, voir adaptabilité tient d’une part de la diversité des matériaux mobilisables (diversité des terres à bâtir, des fibres végétales et des bois), et d’autre part des multiples combinaisons possibles selon la variété géographique et sociale des constructeur·rices, ainsi que des besoins de fonction et d’usage des bâtiments.
Les définitions ci-dessous sont extraites des Guides des bonnes pratiques de la construction en terre crue.
TORCHIS
Complexe de matériaux solidaires associant terre, fibres végétales et supports en bois. Les torchis comblent les vides de la structure porteuse à laquelle ils sont reliés.
TERRE ALLEGEE
Procédé non porteur coffré composé d’une matrice argileuse enrobant des granulats végétaux ou minéraux, ayant généralement une densité sèche allant de de 200 à 1200 kg/m³, mis en œuvre à l’état humide (coffrage perdu ou non, application manuelle à la truelle ou par projection mécanisée) ou sec (préfabrication). […] Le mélange terre allégée est mis en œuvre en remplissage pour la construction de murs, cloisons, planchers, ou rampants de toiture, en neuf et en rénovation. Le mélange terre-chanvre est appliqué directement sur certains supports, sans ossature bois, dans le cadre d’une mise en œuvre projetée.
De nombreuses catégories de granulats sont utilisées dans les mélanges de terre allégée : les fibres végétales longues (paille de blé, seigle, orge, lavande, chanvre, riz, etc.) ; des granulats végétaux ou minéraux (balle de grains, chènevotte, anas de lin, roseaux, colza, tournesol, copeaux de bois, pouzzolane, argile cuite expansée, etc.).
Torchis et terres allégées sont apparentés par nature. Les techniques de mises en œuvre diffèrent. Par conséquent, le terme « des terres et des fibres » regroupe les techniques de remplissage des torchis et terres allégées. De composition parfois similaire, la bauge n’en fait pas partie car elle ne nécessite pas de support de fixation et supporte les descentes de charge.
Dans certains cas, les terres et les fibres contribuent aux liaisons. L’épaisseur de cet ensemble peut aller de 4 cm à plus de 20 cm et sa masse volumique de 200 à 1000 kg/m³.