En juin dernier, Océane et Vincent ont accueilli chez eux une douzaine de bénévoles venus leur prêter main forte pour la poursuite de la réhabilitation de leur chaumière, en chantier participatif. Il s’agissait de remplir l’entre colombage d’un mélange de terre-paille.
Pour ces travaux, le couple a bénéficié d’une prestation d’assistance à l’auto-réhabilitation. Géraldine est la maître d’œuvre qui les a accompagné sur l’ensemble du projet :
L’auto-réhabilitation accompagnée (ARA) est un processus permettant à n’importe quel·le citoyen·ne de rénover sa maison avec le support technique d’un·e professionnel·le. En Normandie, le Réno’Acc (réseau normand de l’auto-réhabilitation accompagnée) rassemble des professionnel·les qui acceptent les conditions de travail de ces chantiers, encadrés par une convention. Cela permet de construire dans les règles de l’art et en toute sécurité.
Le chantier était animé par Gilles Marelle, aidé de Jan Minne, tous deux artisans et membres du Réno’Acc, comme Géraldine.
Le maître d’ouvrage s’engage à accueillir tout le monde dans de bonnes conditions. Il pourvoit aux repas, rémunère l’artisan et paie pour les matériaux. Sachant qu’ici, la paille est quasiment gratuite, et la terre aussi …
Faire appel à des bénévoles pour soutenir un chantier permet d’aller plus vite. Après 2 jours de travaux, il reste un mur à terminer. Le client se sent en confiance car il a acquis les gestes et peut terminer seul, ou avec des amis ! Ce sont souvent des gestes simples et à la portée de tous, comme ici – le fait de remplir des banches avec de la paille enduite de terre. Chacun fait selon ses possibilités et sa volonté.
Les chantiers participatifs sont ouvert à toutes et tous. Il n’y a quasiment pas de limite d’âge et il n’est pas non plus nécessaire de savoir bricoler ! Lucie, bénévole sur les deux jours, nous a fait part de ses retours :
Nous étions encadrés par deux artisans ainsi qu’une maître d’œuvre, responsable de l’organisation du chantier. Après quelques explications, les responsables ont préparé les différents postes et matériaux. Nous avons pu observer une première mise en œuvre avant de mettre la main à la pâte. Au début, les artisans venaient régulièrement vérifier chaque production, du poste de mélange de la terre allégée jusqu’à sa mise en œuvre. Chacun d’entre nous a pu s’essayer aux différents postes avant de choisir celui qui nous convenait le mieux. Nous étions plutôt lents au départ, mais le rythme s’est accéléré à mesure que nous répétions les bons gestes.
Je n’avais encore jamais fait de chantier participatif encadré par des professionnels. C’est ma première fois et j’en garde un très bon souvenir.
En Normandie, des structures telles que l’ARPE, l’association Enerterre ou encore le CIER proposent des prestations de « facilitation de chantier ». Variable d’une structure à l’autre, ce type de prestation comprend généralement :
- une aide à la préparation du chantier ;
- la mobilisation de bénévoles et la gestion des inscriptions ;
- le prêt d’outils et d’équipements de protection individuels en nombre suffisant ;
- l’assurance des participant·es sur le chantier.
Lucie :
Avant le jour-J, toutes les informations nécessaires nous avaient été transmises : lieu et horaires, le type de travaux que nous allions réaliser, ou encore les éléments dont nous aurions besoin durant la journée. Nous devions simplement porter une tenue adaptée, le repas étant fourni par l’habitant.
L’ambiance était très conviviale, notamment pendant le repas où nous avons pris le temps de faire plus ample connaissance. A la fin de la journée, nous étions fatigués mais heureux de constater le travail accompli ! Pour moi, c’est surtout un lieu de rencontre qui mêle entraide et apprentissage. Ce chantier m’a donné envie de reproduire l’expérience, pourquoi pas sur des techniques différentes !
Géraldine :
Sur ce chantier, chaque bénévole a trouvé sa place et découvert, non seulement une facilité d’exécution de tâche (même si la concentration était de mise), mais également la découverte de l’autre. Quelle fierté de voir les murs se fabriquer, les banches se remplir à vue d’œil, même si 30 cm d’épaisseur demandent une grand quantité de matière ! Quasiment aucun outil à manipuler, mais un effort commun.
Dans 1 mois et demi, si les conditions climatiques le permettent, les murs seront suffisamment secs et le client pourra envisager les enduits. J’organiserai, s’il le désire, un second chantier participatif pour les enduits intérieurs. J’ai adoré cette expérience et vais la reproduire le plus possible !
Liens utiles
- Le Réno’Acc’
- Les chantiers participatifs
- Accompagnatrice de projet : Géraldine Maur, 4A
- Accompagnateur technique 1 : Gilles Marelle, Constructions d’antan
- Accompagnateur technique 2 : Jan Minne, Six Pieds Sur Terre