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La filière chanvre se développe au sein du Parc naturel régional Normandie-Maine

Le Parc naturel régional et Géoparc mondial UNESCO Normandie-Maine est le troisième territoire sélectionné par la démarche Chanvre et territoire menée par les Chambres d’agriculture et l’ARPE Normandie. Celle-ci s’inscrit dans le programme Chanvre Normand, un projet financé par l’Agence de l’Eau Seine-Normandie devant permettre le déploiement de la filière chanvre à l’échelle régionale. Les collectivités ayant un rôle clé à jouer dans l’enclenchement de dynamiques économiques à partir de produits biosourcés, l’ARPE et les Chambres d’agriculture sont intervenues à plusieurs reprises dans l’enceinte du Parc pour faire connaître les atouts du chanvre, depuis sa production jusqu’à sa valorisation dans le bâtiment.

Une culture

Outre les multiples usages du chanvre technique dans la construction, le paillage ou encore l’alimentation, sa culture présente des intérêts agronomiques non négligeables : ne nécessitant aucun intrant et très peu d’eau, elle travaille à la restructuration du sol et stocke du carbone (9 à 15 t CO₂/ha/an). C’est notamment le constat fait par Timothée Calleja, ingénieur forestier et agriculteur à titre secondaire :

J’ai réalisé une culture de chanvre il y a deux ans de cela. C’est une plante qui a de multiples vertus, notamment pour décompacter les sols et faciliter l’implantation des cultures suivantes. Cela en fait une tête d’assolement particulièrement intéressante. En tant que forestier, on a le souci de préserver un maximum de carbone, et le chanvre y participe. En matière de valorisation, plusieurs choix sont possibles : dans le bâtiment avec la chènevotte, dans l’alimentation avec la graine, mais aussi dans le textile. En Normandie, tandis que la chanvrière Agrochanvre transforme la paille de chanvre, de plus en plus de linières proposent également de valoriser sa partie fibreuse. […] Cette culture est également l’opportunité de valoriser des emplois locaux à travers une ressource locale et biosourcée.

Le bâtiment, un débouché

Depuis la rentrée, 3 ateliers ont été organisés à destination des élu·es, agriculteur·rices, professionnel·les et habitant·es du Parc :

  • la visite d’une parcelle de chanvre ;
  • la visite de la chanvrière Agrochanvre ;
  • la visite d’un bâtiment isolé en béton de chaux-chanvre banché, qui s’est tenue le 22 septembre dernier, à Carrouges (61).

Il s’agit d’une maison dont le parti pris architectural allie techniques traditionnelles et innovations adaptées aux enjeux contemporains. La première partie est en ossature bois neuve, avec un revêtement bardage en Douglas. La structure poteaux-poutres en chêne provient d’un hangar agricole des années 20, démonté puis remonté sur le nouveau soubassement en pierres. La seconde partie est en colombage. Les façades ont été recréées de toute pièce à partir de pans de bois récupérés de différents bâtiments. Thibault Manson, artisan de l’Atelier Magnus, nous décrit ce projet sur lequel il a travaillé et les raisons qui l’ont poussé à faire ces choix :

[Dans le premier bâtiment], nous avons construit un coffrage dont l’intérieur est rempli de deux isolants, pour un meilleur déphasage : 12 cm d’un mélange de chaux-chanvre banché et 12 cm de laine de bois.

Il existe d’autres solutions pour mettre en œuvre une isolation en chanvre (voir les différentes techniques constructives). Nous avons choisi le banchage manuel car cette technique est moins coûteuse que les briques à maçonner et ne nécessite pas de machine (projeteuse par voie humide ou cardeuse pour insuffler de la laine par exemple), il faut simplement avoir du temps (et nous en avions) !

Sur la partie en colombage, le chaux-chanvre sera recouvert d’un enduit à la chaux côté extérieur.

Une économie 100% locale

Le béton de chanvre se compose de chènevotte – partie ligneuse de la plante obtenue après défibrage – et d’un liant tel que de la chaux ou de l’argile. Cette association en fait matériau isolant, mais surtout un très bon régulateur hygrothermique, ce qui favorise le confort et la santé des usagers d’un bâtiment en toute saison.

Sa forte adaptabilité, en construction neuve comme en réhabilitation, permet également la valorisation de bâtiments anciens ou à forte valeur patrimoniale, dans le respect de leurs typicités. Sur un territoire tel que le Parc naturel régional Normandie-Maine, cette démarche prend tout son sens. En outre, elle permet également de valoriser les productions et entreprises locales, des agriculteur·rices aux entreprises de transformation, en passant par les artisan·es et les architectes.

Un prochain atelier est prévu avant la fin de l’année. Celui-ci traitera particulièrement des spécificités liées à la réhabilitation du bâti ancien en chanvre.